Les sanglots longs des violons de l’automne
bercent mon cœur d’une langueur
comme qui dirait monotone – se moquait Desproges.
Quai de gare
Brouillard
Fog de mon fiston si loin en Angleterre,
Et à quelques pas un adolescent encapuchonné.
Le train émerge
Les sanglots longs des violons de l’automne
Bercent mon cœur d’une longueur monotone
Quai de gare.
Au bout du quai le train déjà.
Brouillard.
Entre lui et moi l’adolescent encapuchonné.
Le train à quelques pas maintenant.
Et l’adolescent qui se jette, roulé, plié, broyé.
Brouillard…
Assis sur les marches du wagon face à une hôtesse compatissante qui a posé ses deux mains sur mes épaules.
Assis sur les marches, sanglotant, grelotant l’indicible.
Les sanglots longs…
.
J’ai toujours été prudent sur le quai du métro lorsque la rame arrivait sur ma gauche. Je me suis toujours reculé.
Par crainte d’être bousculé par un imprudent ?
Un peu…
Mais bourdonnait toujours dans ma tête de parisien le « se jeter sous le métro ».
Alors j’ai toujours reculé quand la rame surgissait de la bouche du tunnel.
J’ai toujours reculé pour ne pas y aller, pour ne pas céder au vertige, pour ne pas consentir au raptus.
Pourtant le métro m’était familier.
À quel moment ai-je commençais à le craindre ?
À Me craindre ?
Pourtant, enfant je n’avais qu’un rêve : me retrouver sur le quai d’en face.
Le quai d’en face, celui sur lequel la rame arrivait par la droite !
Être sur le quai d’en face, peut-être l’ambition de toute une vie…
Il m’aura fallu des années pour parvenir à me projeter sur ce quai, me dire que j’étais sur le quai d’en face et que la rame arrivait bien par la droite.
Aujourd’hui je peux faire arriver les rames par la droite comme par la gauche.
Indifféremment.
Simple puissance de ma présence au monde.
Mais par quelle ni droite ni gauche arrivera la rame lorsque je serai sur l’autre rive ?
.
IBI ETSI VIS TE NON ESSE SED ES IBI
Tu ne veux pas être là mais tu es là