– François votre téléphone sonne !
– C’est sœur Saint-Philippe.
– Vous ne répondez pas ?
– Que non, elle est morte.
– Bizarre alors qu’elle vous appelle !
– Non, ils ont dû réattribuer son numéro.
– Vous croyez ?
– Sûr.
– Et si c’était un appel de l’au-delà ?
– Vous croyez ?
– Sûr.
– Ne me dites pas, Monsieur 33, que vous croyez aux fantômes.
– Vaste question…
– Vous êtes sérieux ?
– Figurez-vous que j’ai reçu un jour en consultation une infirmière qui était importunée par le fantôme d’une de ses patientes.
– J’ignorais que vous étiez exorciste !
– Ne vous moquez pas François. Cette infirmière avait accompagné pendant plusieurs mois cette femme en soins palliatifs. Elle s’y était attachée et son décès l’avait beaucoup peiné. Or il se trouve que quelque temps après, elle a ressenti la présence de cette patiente dans son appartement, ce qui l’a pour le moins troublée.
– Et pourquoi est-elle venue vous voir ?
– Pour deux raisons : d’une part parce qu’elle pensait que c’était psychologique, et d’autre part parce qu’à cette époque, j’accompagnais son groupe de soignants à l’hôpital.
– Et donc vous lui avez dit que les fantômes n’existaient pas.
– Sachez François, que j’ignore totalement si les fantômes existent ou non.
– Tout de même !
– Tout de même rien du tout. De quel droit pourrions-nous affirmer l’existence ou la non-existence de ces entités ?
Je me suis donc bien gardé de lui dire que les fantômes n’existaient pas, primo parce que rien ne m’y autorisait, secondo parce que cela aurait été une façon de lui signifier une fin de non-recevoir.
– Et alors ?
– Et alors je lui ai demandé quelles étaient ses relations avec cette patiente. Elle m’a confirmé qu’il y avait beaucoup d’affection entre elles.
– Alors, pas méchant le vilain fantôme…
– Pour sarcastique que soit votre réplique, je vois que vous avez tout compris. Je me suis donc permis de lui dire que si la relation était affectueuse, il n’y avait aucune raison pour qu’elle ait peur de ce fantôme qui, s’il existait vraiment, ne pouvait être que bienveillant. Bref je l’ai rassurée tout en laissant la porte ouverte quant à la réalité de ses impressions.
– Rusé !
– Pas exactement. Je pense que j’étais simplement sincère.
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DE MORTIS NIHIL NISI BENE
Des morts on ne doit parler qu’en bien