Putain huit heures moins le quart, ce n’est pas une heure pour se réveiller un dimanche.
Me retourner, me nicher, me pelotonner, me racoucouner, les yeux fermés, les oreilles closes pour y écouter le bruit de la mer.
Il n’y a que le dimanche que je peux m’octroyer le bruit de la mer en centre-ville à deux cents kilomètres de la première plage. Plaisir d’initié intransmissible au ballot citadin.
Et les huit coups du clocher voisin qui se répandent sur la houle de ma bonne conscience oisive.
Encore une heure avant l’office pour lequel je ne me m’habillerai pas. Requies in pace. Je veux me dorloter en paix.
Ne pas travailler, ne pas me lever, ne pas lire, ne pas même allumer. Coma dominical légal seulement gâché par l’idée qu’il me faudra tout de même émerger avant 20 heures si je veux aller voter.
Quatre murs, volets clos, un thé, deux toasts, onze heures.
Une revue, un mot fléché, quatorze heures.
Camembert, salade, brosse à dents, seize heures.
Mozart.
17h20 – SMS – Estimations – Droite 53 – Gauche 47
Salaud ! De quoi je me mêle.
J’veux pas l’résultat avant d’avoir miser, c’est pas d’jeu.
Aller voter maintenant c’est comme acheter une pochette surprise en cellophane.
Gâcheur !
A moins que…
Deux heures quarante pour réagir, deux heures quarante pour mobiliser les léthargiques, deux heures quarante et me voilà debout douché vêtu chaussé descendant pédalant votant enfin, pour qu’à 20 heures le score se soit réduit à 52,6, bouleversé par les 0.4% d’opposants grasse-matineux.
C’est pas citoyen ça !
Tiens laisse tomber la bière et sert moi plutôt un ballon de rouge. Il y a des jours où je me sens patriote même si je ne suis pas aller aider au dépouillement.
Aller au dépouillement ! T’es marrant. Mon bureau de vote est à Saint-Machin Gloria in Excelsis Deo. Je ne me voyais pas m’abandonnant aux embrassades des lodens pendant que les MST (Mocassins Serre-Tête) dansaient le cancan en jupes plissées bleu-marine sur le parvis.
Oui, un ballon.
Non, tiens, va plutôt pour une fillette. Faut s’en remettre…
S’en remettre, faut toujours s’en remettre !
Mais vrai que j’ai pris mon lit en marche.
Au moins, demain matin, je saurai pourquoi j’ai la gueule de bois.
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QUI FUTURI SUNT MOLITI
L’avenir appartient à ceux qui luttent