DU MARIAGE DES PRETRES

– Bonjour l’Abbé, fait pas chaud. C’est pas un temps à mettre un chrétien dehors.

– Et vous monsieur 33, vous ne vous caillez pas sur votre pliant ?

– Je suis à l’abri dans mon recoin.

– Pour parachever votre sacerdoce et vous tenir chaud, vous devriez vous offrir une soutane.

– Moquez-vous !

A ce propos, je me demandais si vos collègues en soutane mettaient un pantalon, ou bien s’ils étaient à poil sous leurs oripeaux comme les Écossais sous leurs kilts, tout du moins à ce que l’on raconte.

– Je n’ai pas pour habitude de soulever les soutanes de mes collègues comme vous les appelez. Chacun s’habille à sa manière.

– Dommage, j’aurais bien vu un curé se retrouver fesses à l’air sur une bouche de métro façon Marilyn.

– Rassurez-vous monsieur 33 je ne trouve pas la soutane très confortable et au demeurant, ce n’est pas mon look. J’ai déjà bien assez chaud avec l’aube lorsque je dois célébrer.

– Vrai que j’ai vu le curé de la paroisse voisine monter la côte en danseuse et s’empêtrer dans cette fameuse soutane en regrettant l’abandon du tutu lors du concile de Vatican II.

– Je vous trouve bien caustique ce matin Monsieur 33.

– J’adore vous taquiner l’Abbé, j’ai toujours l’impression que vous êtes trop sérieux.

– C’est une idée répandue. Mais ne vous y trompez pas, je suis aussi amateur de blagues que vous.

– Pourtant, contrairement aux juifs, il n’y a pas beaucoup d’histoires chrétiennes me semble-t-il.

– Détrompez-vous, connaissez-vous celle-ci :

Au moment de la création Saint-Pierre dit à l’Éternel…

– Saint-Pierre au moment de la création !

– Oui je sais qu’au niveau chronologique ça ne colle pas trop mais on en a besoin pour l’histoire, donc :

Saint-Pierre dit à l’Éternel :

« Ne craignez -vous pas que le rose pour les cochons ce soit un peu salissant ? »

– Très drôle !

À mon tour avec une histoire juive que m’a conté un badaud israélite comme disait ma grand-mère :

Un prêtre et un rabbin se trouvent dans le même compartiment d’un train. Le prêtre sort un sandwich au jambon et, voyant que le rabbin n’a apparemment pas prévu de casse-croute lui propose de le partager.

« C’est très aimable à vous, lui répond le rabbin, mais nous, les juifs, ne mangeons pas de porc ».

« Dommage, vous devriez essayer c’est très bon ! »

Arrivés à destination, le rabbin est accueilli par sa femme. Se tournant vers le curé, il lui demande :

« Votre femme n’est pas à la gare. »

« Vous savez bien que nous, les prêtres, ne sommes pas mariés.

« Dommage, vous devriez essayer c’est très bon ! »

– Et nous voilà reparti dans l’éternelle diatribe sur le célibat des prêtres.

– Ce célibat est regrettable, le mariage pourrait permettre d’autres blagues comme celle-ci :

Deux copains se croisent et l’un dit à l’autre :

« Tu ne sais pas quoi, l’autre soir j’ai dîné avec le Pape. »

« Avec le Pape ! Et il est comment ? »

« Super sympa, mais alors elle… »

– Et en plus vous êtes misogyne.

– Je fais avec les blagues que j’ai dans mon répertoire. Mais reconnaissez que lorsque saint Paul dit : « La femme est un mal, mais un mal nécessaire », je suis largement en dessous de son niveau.

– Au risque de vous vexer Monsieur 33, « Malum est mulier, sed necessarium malum » est un proverbe latin pour le moins répugnant je reconnais, mais Saint-Paul n’y est pour rien.

– Excusez-moi, je ne connais pas les épîtres par cœur, mais, à ce que l’on dit, il était largement aussi misogyne que moi.

– Disons qu’il avait sur le mariage une vue particulière.

Ainsi dans la première lettre aux corinthiens affirme-t-il :

« Il est bon pour l’homme de ne pas prendre de femme. Toutefois, pour éviter toute immoralité sexuelle, que chaque homme ait sa femme et que chaque femme ait son mari. »

– Je le croyais davantage accrocher au célibat.

– Vous n’avez pas tort car dans cette même première lettre aux Corinthiens, il prône quelques versets plus loin :

« Je voudrais que tous soient comme moi ; mais chacun tient de Dieu un don particulier, l’un d’une manière, l’autre d’une autre. A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il est bien pour eux de rester comme moi. Mais s’ils ne peuvent pas se maîtriser, qu’ils se marient, car il vaut mieux se marier que de brûler de désir. »

– Pratiquo-pratique le Paul, mais tout de même attaché à son idée première concernant le célibat.

– C’est oublier qu’à l’époque, les disciples croyaient à la Parousie.

– La Parousie ?

– Oui, le retour imminent du Christ. Donc pas de mariage, pas d’investissements, pas de projets.

– Tout cela est une vieille histoire et n’explique pas pourquoi vous ne vous mariez pas.

– A l’origine, les prêtres étaient mariés mais en 1139, le concile de Latran II leur impose le célibat.

– Et pourquoi donc ?

– Pour deux raisons :

La première tient à ce que le sacerdoce est très prenant

La seconde est plus triviale : qui dit mariage dit entretien d’une famille et perte de l’héritage. Ce n’est pas glorieux.

– Ceci dit, il me semble me souvenir que dans les siècles qui suivirent, deux papes convolèrent un brin, et une demi-douzaine, pardonne leur Seigneur, eurent, de façon aussi notoire que coïtale, d’illégitimes rejetons.

Et puis, les pasteurs eux sont mariés et cela ne semble pas les gêner.

– Les pasteurs font ce qu’ils veulent, Mais je reconnais que la somme d’arguments acrobatiques servis contre le mariage des clercs montre trop que la casuistique, comme en veut l’usage, n’a d’autre visée que d’occulter l’évidence.

– L’évidence ?

– Réfléchissez un peu Monsieur 33 au lieu de vous moquer avec vos arguties :

Si nos ministres du culte étaient mariés, il y a en effet toutes les probabilités pour qu’ils engendrent une flopée de bambins, sauf à y faire obstacle par quelque barrière caoutchoutée ou l’utilisation pernicieuse de produits chimiques visant à contrecarrer le plan divin,

Or, en bons pères de famille, comme en défenseurs de l’égalité homme-femme dont l’église s’enorgueillit…

Egalité homme-femme dont l’église s’enorgueillit, vous poussez le bouchon un peu loin l’Abbé !

– Admettons mais c’est un autre sujet.

Disons que pour mieux partager avec leur épouse les tâches que la vie de famille impose, il serait tout à fait licite qu’ils demandent à bénéficier des vacances scolaires.

Imaginez un peu, ces hommes de Dieu, ces serviteurs du Christ, contraints au chômage le dimanche et pendant les vacances scolaires de la Toussaint, de Noël, et de Pâque, et pourquoi pas, tant que nous y sommes, de la Trinité !

– Vu comme ça…

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DILIGITE DILIGENTIAM IN MUNERE VESTRO

Mettez tous vos efforts dans votre travail

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