– Bonjour monsieur 33, vous avez l’air bien guilleret.
– Je reviens du marché il m’en est arrivé une bien bonne.
– Mais encore ?
– Je comptais acheter des melons et il y avait une promotion : 2 pour le prix de 3.
– Effectivement c’était une opportunité à saisir.
– Vous n’avez pas bien compris : seriez-vous prêt à payer le prix de 3 melons pour que l’on ne vous en donne que 2 ?
– Oups ! Trop habitué à la promotion classique 3 articles pour le prix de 2, je n’avais pas prêté attention à cette erreur d’affichage.
– Apparemment aucun client n’y avait pas pris garde d’autant que le marchand vendait effectivement trois melons pour le prix de 2.
Mais lorsque j’ai essayé de lui expliquer sa bévue, ça n’a pas été une mince affaire.
– Comme quoi, les formatages sont tenaces.
Figurez-vous, monsieur 33, qu’il m’est arrivé une aventure un peu semblable, encore que sur ce coup, c’est moi qui ai voulu finasser !
Le samedi matin, j’ai coutume d’aller acheter une baguette fraîche et deux croissants pour ma femme et moi.
– Pourquoi le samedi matin et pas le dimanche ?
– Ne soyez pas si formaliste Monsieur 33 ! J’achète une baguette fraîche et deux croissants le samedi tout simplement parce que la boulangerie est fermée le dimanche.
– Ceci expliquant cela…
– Les commerçants se disent commerçants, mais il ne faut pas trop gratter cette pellicule.
Ainsi, le boulanger du coin de ma rue donne-t-il (ou plutôt vend-il) quatre croissants pour le prix de trois.
– Jusque-là c’est plutôt respectable.
– Ce samedi donc, allant chercher mes deux croissants comme à l’accoutumé (et ne bénéficiant jamais, de ce fait, de l’aguichante remise), il se trouva que les croissants étaient nettement plus petits qu’à l’ordinaire.
Ce mitron parvenu se sentit spontanément contraint de m’en donner (ou plus exactement de m’en vendre) trois pour le prix de deux.
– Belle générosité !
– C’est alors que s’ébranla mon esprit taquin, pour ne pas dire pervers.
– Qu’avez-vous encore inventer ?
– Oh rien que de très logique : je lui ai fait benoîtement remarquer que, si je me référais à sa tonitruante publicité, lui prenant trois croissants, il m’en devait un quatrième gratuit.
– Vu comme ça…
– Là il n’a rien voulu lâcher !
Comme quoi le service aux clients a ses limites…
– Tout de même, faire enrager un honnête commerçant dès potron-minet !
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ID AGAS TUO DE MERITO NE QUIS ODERIT
Aie soin qu’on ne te haïsse point par ta faute.