Ça y est, ça marche, enfin presque.
J’avais laissé, en partant en vacances, une informatique boudeuse, pour retrouver une informatique carrément fâchée par mon bronzage.
Force a donc été de nous séparer, et j’ai refait ma vie coté hardware avec deux PC (Personal Computers), équipés en software de Windows (fenêtres), d’Office (bureau), de Words (mots) et d’Outlook (va donc voir dehors si j’y suis).
J’ai mis le tout en sharedocs (réseau) que j’ai connecté au Web (toile d’araignée, beurk !) pour me la péter Marquise de Sévigné.
Et me voilà ready pour vous mailer, chère âme de Grignan.
Mais ce billet qui, sous ma plume d’oie électronique, démarra par l’inscription incongrue : choise your language, fut suivi d’un peu courtois : English (à tout seigneur tout honneur), German (gloire aux V2 !), French (et français, ça te trouerait le cul ?), Spanish et Italian.
Bon j’ai tapé French et ça s’est plutôt bien déroulé puisqu’il a fini par m’annoncer :
L’installation est terminée, vous pouvez utiliser l’application by selecting the program icon in the programs menu. (Juré qu’j’invente pas !).
Je me suis soudain senti comme qui dirait un peu métèque.
Alors je me suis précipité sur mon Wanadoo.
Mon Wanadoo point Fr, Fr comme French, pardon : France.
Mon Wanadoo avec son béret basque et sa baguette de pain sous le bras.
Mon Wanadoo digne héritier des PéTéTé débarrassé de ses acariâtres postières.
Mon Wanadoo à moi, à qui j’ai confié mon premier émoi webien dont mes yeux embués ne tardèrent pas à distinguer l’effroyable écho :
This is the SMTP Server program at host wanadoo.fr.
I’m sorry to have to inform you that your message could not be delivered to one or more recipients. It’s attached below.
For further assistance, please send mail to <postmaster>
If you do so, please include this problem report. You can delete your own text from the attached returned message.
The SMTP Server program:
<mon.amour@wanadoo.fr>: User unknown
C’est là que j’ai réalisé que j’avais eu deux chances dans ma vie :
1/ que Bill Gates ne soit pas japonais
2/ que mes parents, à peine ma puberté avérée, m’aient soustrait aux papouilles du chef de patrouille pour m’expédier improve my english, persuadés (malgré la fougue suspecte de mon assentiment) qu’il n’était rien de mieux pour cela qu’un séjour chez les Gibis.
Et ce, pour pratiquer leur langue, Language (Thank’s to the Beatles), quand je songeais à leurs langues, Tongs (à nous les petites anglaises).
Car si cette expression devint le titre éponyme d’un film célèbre, c’est pour rappeler aux jeunes générations qu’entre la période Marthe Richard qui vit se transformer les filles de joie en SBF (Sans Bordel Fixe), et notre époque de post féminisme où une simple contracture palpébrale peut vous conduire devant le tribunaux pour harcèlement sexuel, la perfide Albion offrait à un contingent d’adolescents aussi boutonneux que peu regardants, une armada d’indigènes femelles, dont le mini de la jupe était certes proportionnel à la vulgarité, mais dont la fréquentation pour le moins rapprochée entraînait une probabilité salutaire de perte de pucelage que la barrière linguistique soustrayait à toute demande de restitution.
Mais nul n’ignore qu’une initiation, dût-elle mener à une révélation jaculatoire, ne peut s’atteindre qu’à l’issue d’une succession d’épreuves.
La première à traverser, en l’occurrence, s’appelait The Channel, avec sa succession de Ferryboats, de gazole smelling, de nausea, de seasick, qui vous conduisait inexorablement du bring up au throw out.
Or ces désagréments n’étaient nullement réservés aux impétrants à la défloraison.
Ainsi en fut-il de cette respectable old ladie.
M’écartant d’un laconique beg your pardon, elle vint s’agripper de la main droite au bastingage tandis que sa left hand extirpait prestement un dentier rutilant (the shadow of your smile), shinny dentures qu’elle brandit tel un trophée au dessus de sa tête pour le soustraire à l’opération qui devait s’ensuivre.
À savoir : restituer aux embruns ce que j’appris être un authentique english breakfast (Weetabix, scrambled eggs, baked beans on toast and Ceylan tea with a cloud of milk), fleuron de la british gastronomy dont purent témoigner les passagers du pont arrière qui en furent crépis.
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ABUNDANS CAUTELA NON NOCET
Une précaution excessive ne fait pas de tort