Mon rêve serait, non pas mon rêve, disons plutôt mon souhait, serait de surtout ne pas d’être incinéré car c’est une perte ridicule en acides aminés que la nature réclame et de surcroît le bilan carbone en est écologiquement désastreux ; pas plus d’être mis dans un caveau bétonné, coincé dans un cercueil plombé (j’y reviendrai).
Non mon rêve, pardon, mon souhait, serait d’être enterré dans un simple drap de lin ou de coton (voire de métis) à même la terre, de préférence en forêt comme le faisaient les moines avant que le lobby des pompes funèbres ne leur interdise et comme le font encore les musulmans en leurs sages contrées d’origine.
Pourquoi ce choix ne me demandez-vous pas ?
D’une part, comme je vous l’ai évoqué précédemment, pour des raisons écologiques et, par la même occasion, par humilité :
memento homo quia pulvis es
et in pulverem reverteris
Souviens-toi, homme, que tu es poussière,
et que tu redeviendras poussière. – Gn 2,19
Mais surtout à cause de ma grand-mère.
Les adultes parlent entre eux comme si les enfants étaient sourds alors même que, faisant mine de jouer dans leur coin, leurs oreilles s’orientent en tous sens comme celles des chats, et que rien ne leur échappe (excepté, cela va sans dire, l’injonction de débarrasser la table !).
Or, ma grand-mère, s’adressant à une sienne cousine, inconsciente de la multiplicité de ses auditeurs, prononça un jour ce mot baroque à mon ouïe innocente : léthargie. Mes oreilles ne firent qu’un tour et me parvinrent, faute de définition, toute une flopée d’histoires charmantes, voluptueusement narrées par ma grand-mère et ladite cousine, telle celle d’une antique tante se réveillant sous les fleurs généreusement offertes par ses proches en vue de ses funérailles imminentes, ou encore de vrais faux morts enterrés vivants, et même le témoignage d’un fossoyeur ayant découvert dans une tombe en déshérence, les traces patentes, lors de l’expulsion de son locataire, de ce que, plus vif que mort, il s’était dévoré les mains avant de se résoudre à rendre à Dieu son âme manchote.
Un demi-siècle de cauchemars s’ensuivit…
Alors par pitié, pétitionnez pour que l’on en revienne à de sages et étymologiques coutumes d’in-humation et, qu’au pire, un puissant compost m’étouffe avant que je n’aie à prédigérer par moi-même une portion de ce qui revient de droit à l’humus.
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IN NATURALIBUS
En naturiste
(Sans le moindre vêtement, absolument nu).