HOMEOPATHIE

J’adore les sushis ! disait Chouchou.

Eh bien moi, j’adore les syllogismes !

Vous savez, les syllogismes cette articulation de deux affirmations (une prémisse dite mineure suivie d’une prémisse dite majeure) pour en tirer une conclusion.

Tous les hommes sont mortels,

Socrate est un homme,

Donc Socrate est mortel.

Dans ce cas, Socrate fait partie du sous ensemble des hommes lui-même sous ensemble des mortels ce qui implique que Socrate fasse partie des mortels.

On aurait pu dire également

Tous les hommes sont mortels,

Socrate est mortel,

Donc Socrate est un homme.

Cela peut paraître tout aussi évident à cela près que le fait que les hommes soient un sous ensemble des mortels et que Socrate face partie des mortels n’implique en rien que Socrate fasse partie de l’ensemble des hommes. En effet si l’on remplace homme par chat vous on obtient :

Tous les chats sont mortels,

Socrate est mortel,

Donc Socrate est un chat.

Là ça colle moins.

Pas plus que ne colle le syllogisme :

Plus il y a de gruyère plus il y a de trous

Plus il y a de trous moins il y a de gruyère

Donc plus il y a de gruyère moins il y a de gruyère.

Et pourquoi donc ?

Parce que dans la prémisse mineure, nous parlons de quantité de gruyère : plus nous avons de meules de Gruyère plus nous avons de trous, alors que dans la prémisse majeure nous envisageons la qualité : plus il y a de trous dans une meule de Gruyère et moins il y a de pâte.

Autre exemple :

Un cheval bon marché est rare

Tout ce qui est rare est cher

Donc un cheval bon marché est cher

Dans ce cas c’est carrément la prémisse majeure, Tout ce qui est rare est cher qui est fausse. Certes ce qui est rare est souvent cher mais pas tout, ce cheval bon marché en étant la preuve vivante.

Lewis Carroll, avant d’écrire Alice au pays des merveilles et de photographier de façon douteuse des petites filles, a été un grand mathématicien. Son livre, Logique sans peine, a bercé mon adolescence. Et depuis je m’adonne à l’adoration des syllogismes.

L’homéopathie en est un merveilleux exemple :

Prémisse mineure :

Certains produits toxiques, d’origine minérale végétale ou animale, produisent des symptômes semblables à ceux de certaines maladies.

Prémisse majeure :

Dilué plusieurs milliards de fois, les effets de ce produit s’inversent.

Conclusion :

Donc il suffit de donner ce produit dilué pour calmer les symptômes des maladies qui lui ressemblent à ceux que le produit produirait.

Exemple :

Mineure : le venin d’abeille, APIS, provoque des brûlures calmées par le froid telles que peut en provoquer une angine.

Majeure : Diluer, en agitant bien, du venin d’abeille à 9CH (soit 10 milliardièmes de milliardième de fois) inverserait cet effet.

Conclusion : Il ne vous reste plus qu’à déposer une goutte de cette dilution sur un une bille de sucre (voire trois !), de vous la mettre sous la langue, et vous calmerez la brûlure provoquée par votre angine.

C’est pas Wonderful ça ?

Mais soyons honnête : comme disait mon grand-oncle aveyronnais : Ch’t’a ch’taper l’cul par terre.

Comme dans l’exemple du cheval bon marché, la seconde proposition ou prémisse majeure, est on ne peut plus sujette à caution : d’où Hahnemann a-t-il tiré que de diluer indéfiniment un produit toxique en inversait les effets ?

On se demande ce qu’il avait fumé (et pas à dose homéopathique) lorsqu’il a énoncé cette fabuleuse théorie.

Curieux que les français restent aussi attachés à l’homéopathie dans le pays de la raison et de Descartes. Le pire étant qu’il n’y a pratiquement plus qu’en France que l’on persiste à utiliser cette thériaque burlesque.

Il faut bien reconnaître que la raison, comme Descartes, est trop sèche et trop triste. Et que le français, non seulement est un râleur mais aussi un rêveur.

Et comme le disait Nietzsche :

Le goût du vrai va disparaître

à mesure que la vérité procurera moins de plaisir.

Mais le plus extraordinaire, c’est que l’homéopathie soit efficace !

J’ai bien dit bien efficace, du latin efficax constitué de efficio, réaliser, exécuter, avec le suffixe -ax variante de -ox : qui a un air de. Efficace donc dans les sens : Qui a l’air de marcher ! A ne pas confondre avec efficient : Qui produit un effet.

Car enfin, aucune des expérimentations effectuées pour démontrer son action n’a jamais été concluante sitôt qu’elle s’est trouvée confrontée à la moindre rigueur scientifique. Et ce n’est pas faute d’en avoir fait et refait, mais toutes, commanditées par le principales laboratoire français, ont été soigneusement reléguées dans les tiroirs. Quand on réalise plus de 500 millions de chiffre d’affaires par an, on évite de se tirer une balle dans le pied !

D’où alors vient l’efficacité de l’homéopathie ?

De l’adéquation entre le produit et le sujet, autrement dit, la possibilité de se ranger sous le signifiant d’un remède qui vient coller à la peau de ce même sujet.

Je m’explique : lorsque qu‘un médecin, car en France pour prescrire il faut être médecin, comble de la duplicité, lorsqu’un médecin homéopathe prescrit un remède à un individu considéré comme malade, celui-ci, sitôt rentré chez lui, va se ruer sur sa Matière Médicale pour vérifier la pertinence de ce choix. Et là, si l’homéopathe connaît bien son business, le patient va retrouver, dans ladite Matière Médicale, la description exacte des symptômes qu’il a rapportés au médecin, symptômes renvoyant au nom latin du mirifique produit prescrit.

Miracle, c’est tout moi !

Et croyez-moi, dégoter un remède qui est tout vous, ça met en émoi.

De la toute son efficacité : le remède et le patient ne font plus qu’un : je suis Gelsemium – je suis Tuya Occidentalis – je suis Natrum Muriaticum – je suis Asa Fœtida…

Ehyeh Asher Ehyeh : JE SUIS ! Je suis Celui qui est dit l’Eternel à Moïse (Ex 3,7-8).

Vous imaginez aisément le frisson narcissique que peut provoquer la découverte de se retrouver Arsenicum Album ou mieux en Aurum Metallicum pour un pratiquant de la méditation en pleine conscience (de soi-même) ou du développement personnel (de son ego).

Alors, de grâce épargnez-moi le terme placebo.

Nous sommes bien au-delà du placebo, bien au-delà de la magie, nous sommes propulsés dans la fabuleuse identification signifiante du malade à son remède.

D’où cette indéniable efficacité.

Magnifique ! (de magnus -grand et facio-faire : qui fait les choses en grand).

Ou plutôt, comme je vous l’ai dit précédemment : Wonderful (de wonder – merveille et full – plein de).

Pourquoi alors, ai-je pratiquer l’homéopathie durant toute ma carrière sans craindre de passer à mes yeux pour un charlatan ? ?

D’abord parce que je l’ai étudié soigneusement et que je connaissais parfaitement la Matière Médicale ce qui me permettait d’être crédible aux yeux de mes patients.

Mais dans le même temps, j’étais convaincu que 90 % des pathologies qui m’étaient soumises pouvaient guérir comme dit l’adage : 7 jours avec le médecin – une semaine sans, et que la prescription d’innocentes billes de sucre m’évitait de gaver mes cacochymes amateurs d’onéreux produits aussi inutiles que potentiellement nuisibles.

Pour les 10 % qui restaient, il me fallait convaincre ces suceurs de granules de passer dans le camp exécré de l’allopathie.

Et c’est alors que je pouvais faire le constat des ravages de l’effet nocebo chez ces lecteurs attentifs des notices, scrutateurs convaincus qui pouvaient ensuite venir témoigner en mon parloir, du bien-fondé de la description de tous les effets secondaires qui s’y déclinaient.

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MEDICUS DEDIT QUI TEMPORIS MORBO CURAM

IS PLUS REMEDII QUAM CUTIS SECTOR DEDIT

Le médecin qui a prescrit à la maladie le soin du temps,

a prescrit un remède meilleur que s’il avait utilisé les fers

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