Ma mère disait : tu as le cheveu souple, reprenant en cela la litanie de générations de coiffeurs, capilliculteurs, merlans, figaros et autres coupeurs de cheveux en deux qui se disqualifient en vous qualifiant.
Pourquoi ces racleurs de pellicules n’osent-ils admettre que mon cheveu soit tout bonnement incertain, ou hasardeux, parfois aventureux, souvent arbitraire, malappris au besoin, un tant soit peu récalcitrant, au pire despotique.
Non je n’ai pas le cheveu souple ; mes cheveux sont comme mes pensées, ils refusent de boucler en rond : j’ai, à mon image, le cheveu lunatique, j’ai, à ma ressemblance, le cheveu fantasque, résistant, rebelle, narquois, tendancieux jusqu’à la faux-culterie, irascible et pour tout dire effronté.
J’ai le cheveu tout cela, et j’arpente désespérément les gondoles de supermarché en quête d’un shampoing pour cheveux chafouins, insolents, teigneux, rageurs, colériques, dédaigneux, rétifs, caractériels, voire carrément crânes (ce qui n’est pas peu dire !).
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Excepté entre vos doigts
Mon Ange,
Qui seuls sauraient les dompter