J’adore les proverbes chinois.
Ou plutôt rien ne me réjouit comme la formule :
Y’a un proverbe chinois qui dit…
Mais prenez garde, la contrefaçon du Tao Te King, c’est comme le cassoulet en boîte, faut pas goûter l’authentique sinon c’est foutu. Exemple (76-79) :
Trente rais se réunissent autour d’un moyeu
C’est de son vide que dépend l’usage du char
On pétrit de la terre glaise pour faire des vases
C’est de son vide que dépend l’usage des vases
On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison
C’est de leur vide que dépend l’usage de la maison
C’est pourquoi l’utilité vient de l’être, l’usage naît du non-être
Mais tout cela est bien sérieux et difficile à placer. Alors rien n’interdit pour être convainquant de ponctuer son argument d’un aussi fantasque que magistral :
La fleur du cerisier sait éclore au printemps
À moins que
Dans la vallée toujours déverse son eau
Le grand fleuve tumultueux
Ou encore :
Miaule le chat qui sait miauler
Si après ça votre auditeur n’est pas sur le cul, c’est qu’il fait le poirier (dont les fleurs, également…)
Bon, un peu fantaisiste je reconnais, mais il ne faut pas oublier que Lao Tseu n’a écrit que 81 préceptes, dont pas mal de redites, et de surcroît sans copyright. Ce qui autorise à mettre l’imagination au pouvoir !
Donc pourquoi ne pas carrément inventer et oser un :
La grenouille hirsute se gausse du bonze hydrophobe
Ou encore, pourquoi pas :
Quand hésite l’austère ligne droite
Chavire la courbe lascive
Un peu casse-gueule comme précepte ! On pourrait nommer ça : contrefaçon badaboum !
Tiens, en parlant de badaboum, ça me fait penser à cette pub du mec qu’à peine en haut de l’escalier il vous le déboule !
Le même que celui à qui vous avez prêté votre bagnole et que, crac, il vous la cabosse alors qu’il était même pas assurer pour, le con !
Vous savez, ce mec que vous lui collez une scie entre les mains, et hop, deux doigts en moins !
Mais si…
L’ASSUREUR MILITANT !
Un truc pour les profs.
Il n’y a vraiment que les profs pour se ruer à la MAIF après qu’on leur a servi ce remake de Massacre à la tronçonneuse au p’tit dej. Ça doit les mettre en jambe pour seriner à leurs élèves qu’ils sont nuls, que le niveau baisse et que de toute façon ils n’y arriveront pas.
Et je peux témoigner à charge vu que, souffrant d’une dysorthographie rétive, ils m’ont rabâché ça jusqu’en seconde, rapport que je n’ai jamais su (et ne sais toujours pas et ne saurais jamais) si girafe prend un, deux ou trois f.
Jusqu’en seconde à m’enlever des points même en math alors que mes engles étaient droits, en géo quand je connaissais tous les continants, ou en sciences-nat bien qu’incollable quant aux champinions et à leurs sports (et aussi en gym mais là c’est parce que je me planquais).
La curée ! (Car contre toute attente il y a un féminin à curé).
Jusqu’en seconde !
Et puis il y a eu madame Saulnier…
Madame Saulnier qui au premier jour m’a déclaré : Je veux bien ne pas retenir vos fautes si vous avez quelque chose à me dire.
Madame Saulnier qui de surcroît s’appliquait à me voussoyer.
Et des choses à lui dire pour sûr j’en avais, des mille et des cents !
Alors je lui ai offert mes plus belles diçertations, des analises de texte enflammées, et même des po-aimes.
Et elle a dû passer le mot aux autres profs car eux aussi m’ont un peu lâché la plume, et mine de rien je suis devenu un premier de la classe.
Rien moins que ça !
Évidement, du coup, j’ai perdu tous mes potes. Mais bon, il me restait madame Saulnier.
Madame Saulnier aux blonds cheveux courts, Jean Seberg ornée de la voix posée, presque sentencieuse, de Delphine Seyrig.
Madame Saulnier…
Et quand d’y penser me rendait morose, j’ouvrais sous mes draps le catalogue CAMIF, pour retrouver les assiettes en grès (3160-960-D) dans lesquelles elle avait raclé sa soupe et les mazagrans (2120-197-J) où fumait la tisane qu’elle allait terminer dans sa chambre en orme massif (0129-459-P) tandis son mari entrebâillait un pyjama rayé (0070-122-T) avant de trousser sa nuisette (1090-339-M) en pilou.
.
SIC ITUR AD ASTRA
C’est ainsi que l’on s’élève vers les étoiles