(Les caissières sont-elles des criminelles ?)
Doit-on, en ce tournant de millénaire, traîner devant le Tribunal International de La Haye les caissières de supermarché pour crime contre l’humanité ?
Pour quel motif ?
Celui d’avoir scanner le code barre de barquettes de viande de bœuf dont elles n’étaient pas sans savoir qu’elles étaient très probablement contaminées par un célèbre prion, lequel, et même une caissière sait ça, peut être à l’origine de la nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Bien sûr la bougresse se défendrait sur l’argument qu’elle ne fait que son triste métier d’encaisseuse dont le maigre salaire suffit à peine à gaver sa marmaille de sucre inverti et de graisses saturées. Clamant que, de son inconfortable siège à roulettes, elle ne saurait contrer les lobbies agricoles qui proposent aux non moins irréprochables paysans des produits contaminés pour nourrir leur cheptel.
C’est exactement ce que répondait il y a quelque cinquante ans déjà la concierge qui signalait à la demande des autorités, les communistes, homosexuels et autres juifs qui habitaient son immeuble ; ce que répondaient les flics français qui venaient les arrêter ; ce que répondaient les employés des chemins de fer qui les entassaient par bottes de cent dans des wagons à bestiaux à peine paillés ; ce que répondaient les soldats qui les en faisaient descendre et ce que répondaient même leurs congénères survivants qui balayaient les fours crématoires.
Légalisme : attitude qui fait prévaloir le strict respect
de la règle ou de la loi sans considération morale ou politique.
Aujourd’hui que tout le monde participe à un crime généralisé avec la bonne conscience de l’innocent maillon, il faudrait pouvoir entarter deux trois de ces innocentes hôtesses de caisse histoire de réveiller un peu lesdits maillons.
Bien sûr, il se trouverait instantanément quelque politicard zélé pour crier au liberticide !
Mais non, je vous rassure, je n’entarterai aucune de ces malheureuses hôtesses de caisse, pas plus que je les trainerai devant le Tribunal International de La Haye.
Comme leurs homologues précédemment cités, elles sont au final plus victimes que bourreaux. Car c’est toute l’astuce des régimes totalitaires (comme des lobbies au demeurant) que de diluer les responsabilités afin que personne ne se sente directement impliqué et ne se rebiffe.
Le ferait-il d’ailleurs qu’il serait instantanément broyé par le système…
Hélas ce scandale n’est pas nouveau !
Souvenez-vous de Salomé qui, après avoir dansé pour le roi Hérode réclama comme récompense, à la demande de sa mère Hérodiade, la tête de Jean-Baptiste. Rien de très choquant au final pour l’époque même si « Le roi en fut très contristé » (Marc 6,26).
Mais le diable se cache dans les détails :
Et aussitôt le roi envoya un garde en lui ordonnant d’apporter la tête de Jean.
Le garde s’en alla et le décapita dans la prison, puis il apporta sa tête sur un plat. (Marc 6,27-28a)
Et voilà, emballé c’est pesé, le garde est tranquillement descendu à la cave et en a remonté la tête de Jean-Baptiste comme s’il avait remonté une bouteille de vin ou un pot de confiture.
Ô serviteur fidèle !
Ô comme voilà un bon gars qui ne discute pas !
Un ordre c’est un ordre !
Même s’il semble un peu bizarre, on ne va tout de même pas se prendre la tête pour ça !
Et tant pis si c’est le Jean-Baptiste qui la perd…
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QUI TACET CONSENTIRE VIDETUR
Qui ne dit mot semble consentir