L’ARLESIENNE

Croyez-moi, ma chère Âme, dans Le goût des autres, j’ai été très ému lorsque Jean-Pierre Bacri, entendant Caro nome de Rigoletto, passe pour le dernier des plouc en s’exclamant : Juanita Banana !

J’aurais pu faire la même saillie à propos de l’Arlésienne de Bizet.

Comme je vous l’ai sans doute déjà dit, il y avait tous les midis chez ma grand-tante un devoir de silence quand mon grand-oncle écoutait le 3687e épisode de Ça va bouillir, animé par Zappy Max sur Radio Luxembourg. Or le générique de cette vénérable émission se trouvait soutenu par l’air de l’Arlésienne sur lequel on avait plaqué Omo est là et la saleté s’en va. Je ne me souviens plus de la suite…

J’étais encore enfant lorsque j’en appris les vraies paroles. Or cet air de Omo est là et la saleté s’en va, pardon, de l’Arlésienne, m’aura conduit, à une curieuse erreur d’interprétation :

De bon matin

J’ai rencontré le train

De trois grands rois qui allaient en voya-a-age.

J’imaginais, comme beaucoup d’enfants je pense, (et sans doute beaucoup d’adultes) les rois mages équipés d’une locomotive et d’une ribambelle de wagons.

Belle innocence !

J’eus d’ailleurs l’occasion d’un autre pataquès avec le poème de Ronsard Mignonne allons voir si la Rose dans lequel on peut lire :

Las ! Voyez comme en peu d’espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las, ses beautés laissé choir.

Ses beautés les séchoirs !

De quels séchoirs pouvait-il bien s’agir ?

Même étonnement avec cette chanson de Montand :

Le ciel regarde partir

Ceux qui vont mourir

Au pas cadencé

Quel était donc ce lieu étrange, ce pack à danser où l’on allait mourir ?

Mais le plus cocasse revient incontestablement à la ritournelle

Mon petit oiseau a pris sa volée (bis)

A pris sa, à la volette (bis)

A pris sa volée

Imaginez plutôt, ma chère Âme, qu’à l’âge où l’on me l’a enseignée, mon petit oiseau était mon jouet préféré, et que se prendre une volée était le risque encouru si l’on me surprenait…

Autant dire que j’étais à deux doigts du zizi panpan !

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QUI HABET AURES AUDIENDI AUDIAT

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende

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