– Monsieur Raskolnikov?
– Oui.
– Bonjour, je suis votre avocat commis d’office.
– Qui ça ?
– Votre avocat.
– Ah, bonjour !
– Vous pouvez m’appeler maître.
– Eh ! J’suis plus à la communale.
– C’est une autre école.
– Comment ça ?
– Rien.
– Putain ça commence bien. Vous êtes venu pour m’aider ou pour me faire chier ?
– J’y arrive – Asseyez vous – Donc, à en croire le rapport de police, vous êtes inculpé du meurtre avec préméditation de madame Lucienne LANGUY, veuve POSSARD, concierge de son état, chez qui vous vous êtes introduit dans le but de lui soustraire ses économies. C’est cela ?
– En gros oui.
– En gros ?
– J’avais pas prévu de la liquider la vieille.
– C’est pourtant ce qui est advenu.
– Putain j’l’avais pourtant prévenue.
– Comment cela ?
– Tu me files ta thune ou j’te bute, y’a pas besoin d’avoir été aux écoles pour piger !
– Effectivement. Et ensuite ?
– Ensuite, elle s’est mise à gueuler comme si j’allais l’étrangler.
– Fausse pioche puisque vous l’avez calmée à coup de hache.
– J’ai pris ce qui me tombait sous la main.
– Tout de même une hache !
– Attends, tu voulais pas que la finisse à la lime à ongles la bignole !
– Cinq à huit coups…
– Ça, une fois que j’suis chauffé…
– Tout de même !
– On voit qu’t’as jamais fendu d’bois. Moi, quand je suis lancé, j’t’émiette trois stères dans l’heure.
– Oui, mais là, en l’occurrence, il s’agissait d’une concierge.
– Pareil !
– Pareil quoi ?
– Pareil j’te dis, j’étais lancé
– Donc vous étiez lancé et sur votre lancée avez débité madame veuve POSSARD, née Lucienne LANGUY, en trois morceaux que vous avez entreposés dans une valise trouvée sur place. Un goût ancestral du travail bien fait je suppose ?
– Pareil !
– Pareil quoi ?
– Pareil, quand t’as fini tu ranges.
– Très bien. Donc vous avez rangé dans ladite valise les trois pièces de la veuve POSSARD, non sans l’avoir délestée d’une gourmette en argent, d’une chaîne en or ornée d’une médaille de la Vierge orante et de son alliance du même métal.
– Du même métal ?
– En or itou
– En noritou ?
– Une alliance en or.
– Ouais, là j’aurais pas dû.
– Ah, tout de même.
– C’te blague, j’aurais dû penser qu’le jonc il était gravé.
– J’ai crains un remord ! Vrai qu’en l’occurrence Lucienne et Raymond ça vous plombe un alibi !
– Ça c’est marrant !
– Comment ça « marrant » ?
– Ouais, votre histoire d’or qui plombe, c’est marrant.
– Ce n’était pas le but.
– Faudra que j’men souvienne pour mon coturne.
– Votre cothurne ?
– Mon coloc, le mec avec moi dans la cellule.
– Excusez-moi. Ensuite, après avoir remisé les différents éléments de madame veuve POSSARD dans la valise sans avoir oublié de lui soustraire ses bijoux, vous avez mis à sac sa loge pour lui dérober ses économies.
– Au départ, j’étais quand même venu pour ça !
– Au départ…
– Elle avait qu’à pas gueuler comme ça.
– Elle avait qu’à pas. Certes. Mais reconnaissez, en l’occurrence, que l’argument me semble un peu léger pour plaider la légitime défense.
– Vrai qu’elle s’est pas beaucoup défendue.
– Reste la bouffée délirante aigue.
– La quoi ?
– La crise de folie.
– C’est ça, on a qu’à dire qu’elle était folle !
SI NON HABEBUNT ADVOCATUM, EGO DABO
A ceux qui n’auront pas d’avocat, j’en donnerai un
MADAME VEUVE POSSARD
– Monsieur Raskolnikov?
– Oui.
– Bonjour, je suis votre avocat commis d’office.
– Qui ça ?
– Votre avocat.
– Ah, bonjour !
– Vous pouvez m’appeler maître.
– Eh ! J’suis plus à la communale.
– C’est une autre école.
– Comment ça ?
– Rien.
– Putain ça commence bien. Vous êtes venu pour m’aider ou pour me faire chier ?
– J’y arrive – Asseyez vous – Donc, à en croire le rapport de police, vous êtes inculpé du meurtre avec préméditation de madame Lucienne LANGUY, veuve POSSARD, concierge de son état, chez qui vous vous êtes introduit dans le but de lui soustraire ses économies. C’est cela ?
– En gros oui.
– En gros ?
– J’avais pas prévu de la liquider la vieille.
– C’est pourtant ce qui est advenu.
– Putain j’l’avais pourtant prévenue.
– Comment cela ?
– Tu me files ta thune ou j’te bute, y’a pas besoin d’avoir été aux écoles pour piger !
– Effectivement. Et ensuite ?
– Ensuite, elle s’est mise à gueuler comme si j’allais l’étrangler.
– Fausse pioche puisque vous l’avez calmée à coup de hache.
– J’ai pris ce qui me tombait sous la main.
– Tout de même une hache !
– Attends, tu voulais pas que la finisse à la lime à ongles la bignole !
– Cinq à huit coups…
– Ça, une fois que j’suis chauffé…
– Tout de même !
– On voit qu’t’as jamais fendu d’bois. Moi, quand je suis lancé, j’t’émiette trois stères dans l’heure.
– Oui, mais là, en l’occurrence, il s’agissait d’une concierge.
– Pareil !
– Pareil quoi ?
– Pareil j’te dis, j’étais lancé
– Donc vous étiez lancé et sur votre lancée avez débité madame veuve POSSARD, née Lucienne LANGUY, en trois morceaux que vous avez entreposés dans une valise trouvée sur place. Un goût ancestral du travail bien fait je suppose ?
– Pareil !
– Pareil quoi ?
– Pareil, quand t’as fini tu ranges.
– Très bien. Donc vous avez rangé dans ladite valise les trois pièces de la veuve POSSARD, non sans l’avoir délestée d’une gourmette en argent, d’une chaîne en or ornée d’une médaille de la Vierge orante et de son alliance du même métal.
– Du même métal ?
– En or itou
– En noritou ?
– Une alliance en or.
– Ouais, là j’aurais pas dû.
– Ah, tout de même.
– C’te blague, j’aurais dû penser qu’le jonc il était gravé.
– J’ai crains un remord ! Vrai qu’en l’occurrence Lucienne et Raymond ça vous plombe un alibi !
– Ça c’est marrant !
– Comment ça « marrant » ?
– Ouais, votre histoire d’or qui plombe, c’est marrant.
– Ce n’était pas le but.
– Faudra que j’men souvienne pour mon coturne.
– Votre cothurne ?
– Mon coloc, le mec avec moi dans la cellule.
– Excusez-moi. Ensuite, après avoir remisé les différents éléments de madame veuve POSSARD dans la valise sans avoir oublié de lui soustraire ses bijoux, vous avez mis à sac sa loge pour lui dérober ses économies.
– Au départ, j’étais quand même venu pour ça !
– Au départ…
– Elle avait qu’à pas gueuler comme ça.
– Elle avait qu’à pas. Certes. Mais reconnaissez, en l’occurrence, que l’argument me semble un peu léger pour plaider la légitime défense.
– Vrai qu’elle s’est pas beaucoup défendue.
– Reste la bouffée délirante aigue.
– La quoi ?
– La crise de folie.
– C’est ça, on a qu’à dire qu’elle était folle !
.
SI NON HABEBUNT ADVOCATUM, EGO DABO
A ceux qui n’auront pas d’avocat, j’en donnerai un