Je me suis fait récemment hébergé par un ami que je qualifierais d’aisé au regard des 350m2 habitables de sa villa et de la piscine à débordement avec vue sur la mer.
Ma chambre disposait comme il se doit d’une salle de bain privative équipée d’une douche, si tant est que le terme de douche ne soit quelque peu restrictif au vu de l’ampleur de l’aquarium doté de deux douchettes à main et d’une douche de pluie alimentées par d’improbables robinets thermostatiques. Ajoutez à cela six jets hydromassants avec fonction de pétrissages séquentiels et une fonction hammam. Sans oublier le ventilateur de douche, la sonde de température, la radio FM, la connexion Bluetooth et la stérilisation à l’ozone. Le tout piloté par une tablette de contrôle digital.
J’avais bien l’intention de me mouiller la couenne avant de la savonner et de la rincer, mais c’était oublier, que pour ce faire, je me devais d’enlever mes lunettes. Au demeurant, même avec mes lunettes je doute fort d’avoir été capable de gérer ce tableau de bord digne d’un Airbus.
Ne voulant pas passer pour une gourde aux yeux de cet ami, j’ai mouillé le coin de ma serviette dans le lavabo d’en face, non sans avoir eu quelques peines à faire jaillir un peu d’eau d’un robinet commandé par des yeux électriques qui refusaient de me regarder. Avec ce coin de serviette je me suis fait une toilette que ma grand-mère aurait qualifié de chat. Bref, je me suis débarbouillé.
Dommage car pour l’occasion j’avais apporté ma panoplie de cosmétiques parmi lesquels un après-shampoing dont je n’ai découvert que tardivement le nom, et ce parce que je ne l’avais jamais manipulé avec mes hydrophobes lorgnons. J’ai donc pu découvrir en le jetant qu’il ne portait pas moins que l’appellation Crinière de Sirène. Pour le coup je me suis miré le scalp sous tous les angles sans hélas y découvrir un début de commencement de mutation en triton.
A propos de cosmétiques, j’ai récemment fait l’acquisition d’une crème de jour pour peau mature mais j’ai bien compris que ce n’était que l’euphémisme de vieille peau.
Si elle est vraiment anti rides – repulpante – hydratante, je crains de ressembler sous peu à une baudruche humide !
J’ai découvert qu’elle contenait de la poudre de soie. Certes, mutatis mutandis, on peut imaginer une assimilation de la soie à une certaine douceur, à une certaine radiance alors que je doute fort que réduire en poudre et tartiner sur mon épiderme, elle y produise le même effet !
Mais, plus drôle encore, j’ai vu qu’il existait des crèmes à l’huile de vison. Quand on connaît la valeur de cet animal, le luxe soyeux de sa fourrure, la beauté des femmes qui s’en parent, on imagine effectivement la magie que pourrait produire son huile. Mais lorsque l’on y regarde de plus près, le vison n’est jamais qu’un petit rat dont la carcasse, après qu’on l’a écorché, ne fournit guère qu’un immonde produit de fonte que l’on aurait bien du mal à vendre sous l’appellation :
Crème de Jour Nutriactive à la Graisse de Rat.
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CAVEAT EMPTOR
Que l’acheteur soit vigilant