APTÉRISATION DES BOVINS

Le Français se plaint, c’est opinion commune…

Notez, au passage, que ladite opinion se garde bien de définir ce que désigne « Le Français ». Pas plus qu’elle ne discerne la jérémiade névrotique de tout un peuple, des revendications légitimes d’icelui, vivant prétendument en régime républicain (terme que je préfère de loin à celui de démocratie, j’y reviendrai à l’occasion.)

Admettons donc que suivant une opinion commune :

« Le Français se plaint ! »

Et en couleurs s’il vous plaît !

Non seulement les discriminés mats et noirs, mais aussi les verts, parfois les bleus, les gilets jaunes, les bonnets rouges et même les arcs-en-ciel qui comptent parfois dans leurs rangs quelques-uns des précédents.

Et de quoi qu’il se plaint Le Français ?

Et bien de ce que le monde bouge ! Et qu’il bouge dans toutes les directions : que les prix montent, que les salaires baissent, que l’âge de la retraite avance, que les avantages sociaux reculent, que la droite vire à gauche et que la gauche vire à droite.

À croire que les cours de sociologie de l’université de Vincennes sont donnés à la Foire du Trône.

À croire que Le Français, il aurait lu Pascal qui pensa en son temps : « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. »

À croire que le pire n’est jamais décevant.

Et pendant que cet enfant gâté couine, on meurt dans le monde comme des petits pains.

Mais comment convaincre Le Français de relativiser ? Comme ce fut le cas pour Poil de carotte se plaignant d’avoir des clous (le clou étant au furoncle ce que la chtouille est à la blennorragie). Pauvre enfant auquel sa tendre madame Lepic de mère rétorqua : « Pense au Christ qui, lui, avait de vrais clous ! ».

Voilà qui vous donne des ailes pour survoler l’existence.

Mais il faut croire que notre pauvre rouquin était encore aptère.

À propos d’aptère (de a – privatif et du grec ptéron – aile) et de Le Français qu’il se plaint, j’ai adressé un jour ce courrier à rien moins qu’un architecte des monuments historiques :

Cher Maître et néanmoins Aaami,

C’est avec un plaisir non feint que j’ai lu l’article que vous avez commis dans La Cariatide Hydrocéphale, article relatif aux incommensurables dommages provoqués par les déjections des pigeons sur les monuments parisiens.

Même si d’envisager le pire ne saurait consoler du simple, je vous invite tout de même à méditer sur la bénédiction que représente pour la conservation du patrimoine, l’aptérisation progressive des bovidés en général et des bovins en particulier. Aptérisation dont, simple profane, je me contente d’apprécier l’incommensurable bénéfice quant à l’accessibilité des bancs publics.

En vous remerciant encore blablabla… je vous prie cher blablabla… d’agréer l’assurance de blablabla…

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PLAUDITE, CIVES ! 

Citoyens, applaudissez !

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