Sans titre

FEU ROUGE

FEU VERT

FEU ROUGE

Ma mère parlait, bavardait, discutait, discourait, palabrait, tatassait, bavassait, jacassait, babillait, quand, interrompant brusquement ce Niagara verbal, elle m’assenait tout à trac :

Au fait, j’ai quelque chose à te dire !

Mais que me disait-elle donc tandis qu’elle causait ?

Mais je subodore déjà une réprobation de votre part et comme un reproche de misogynie.

Eh bien soit, je rends les armes devant votre verdict et, pour en souligner la pertinence, je vous propose même une petite expérience.

Choisissez pour cela un après-midi de printemps ou d’automne, soit que les premiers rayons vous poussent à sortir, soit que vous gouttiez le retour d’une légère fraîcheur.

Installez-vous aux abords d’un carrefour passant, à la hauteur du feu, et observer les couples qui, en voiture, se succèdent au rouge.

Lui au volant pour sûr.

Elle occupant le siège que nous dirons passager plutôt que du mort.

Si faire couple c’est regarder dans la même direction, les voilà parallèlement regardant…devant.

Et si le soleil printanier ou automnal ne se reflète que modestement sur le pare-brise, vous aurez tout loisir d’observer le mouvement de ses lèvres, à elle.

Et tout loisir d’imaginer qu’elle parle, bavarde, discute, discoure, palabre, tatasse, bavasse, jacasse, babille…bref, qu’elle cause.

Et lui, les bras tendus, le regard perdu sur la ligne bleue des Vosges, comme serti dans son quart d’habitacle…

Mais quelle inconsistance divulguent donc ces lèvres agitées pour susciter pareille goujaterie ?

Feu vert.

Feu rouge.

Aux suivants…

.

SURDO ASELLO FABULAM NARRARE

À un âne sourd raconter une histoire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *