J’ai beaucoup prié.
Non, j’ai surtout beaucoup demandé.
C’est vrai…
Mais pour si peu au bout du compte.
La première fois, ma plus grande douleur,
que ma mère revienne me chercher.
Mais la porte de la maternelle est restée fermée.
J’ai aussi, dans la même période,
émis le vœu que crève ma petite sœur.
Elle est toujours là.
Dans un sens tant mieux.
J’aurais bien aimé, plus tard, avoir la moyenne en math.
J’aurais peut-être dû réviser.
Et puis j’ai souhaité que Line ne me quitte pas pour Fred.
Pour finir, ce fut pour Tom.
J’ai alors rêvé d’un corps d’athlète, d’un sexe surpuissant,
et des yeux ravageurs.
Bon, je ne me suis pas mis à loucher, c’est déjà ça.
Ma femme, mes enfants, je n’ai rien demandé, ça s’est fait.
Le boulot ?
Non, j’ai assuré.
Pour mon père j’aurais bien aimé, mais il est mort quand même.
Je m’y suis vraiment remis
quand on m’a découvert cette tumeur.
J’ai hurlé, supplié, imploré.
Y’a eu rémission.
Alors peut-être…
J’ai réitéré aux premières métastases.
Avec moins de conviction je dois bien le reconnaître.
Par la suite,
je ne me suis pas senti lâché,
j’ai lâché tout seul.
Alors à ce stade, je demanderais bien que ça s’arrête.
Et sur ce coup,
ma foi,
je nourris quelque espoir…
.
AEGROTO DUM ANIMA EST, SPES EST
Tant que le malade a un souffle, il y a de l’espoir